Le Royaume des Plantes de Charles Jones

Sean Sexton, un collectionneur de photographies, se promène un jour de 1981 au marché aux Puces de Londres. Dans une vieille malle, il découvre une centaine de photographies représentant... des légumes surtout, mais aussi des fruits et des fleurs. Toutes les épreuves portaient le nom de la chose photographiée et les initiales de leur créateur, un dénommé Charles Jones, jardinier de son état et le livre le prouve : photographe ! Mais, on ne sait que très peu de choses sur cet homme, ce "jardinier-naturaliste". Juste que ses clichés doivent dater du début du XXe siècle. Peut-être cet amoureux de la nature consacrait-il à sa passion, ses dimanches ?

Le livre entre nos main répertorie les photographies trouvées dans la malle londonnienne. Chaque objet botanique est photographié de très près, sur fond neutre avec un grand sens de l'esthétisme et de l'intensité, dans un rapport quasi-intime. C'est donc une galerie de natures mortes couleur sépia qui est ici exposée. On découvre des pois, des betteraves, des courges, un maginfique épi de maïs, des prunes... Chaque planche est un émerveillement. Regardez (même si la reproduction sur papier glacé rend mieux hommage à l'ouvrage) :

Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior

Nous sommes en Italie, c'est le début de l'été. Lucia emménage avec sa maman dans un nouvel appartement qui donne sur un patio. Sur la coursive, en face, habite Piero. Lucia fait donc la connaissance de Piero et de son meilleur ami Nicola. Tous les trois sont encore au seuil de leur vie, à l'âge où tout est encore possible. Nicola va reprendre le magasin de son père. Tandis que Lucia part en Norvège pour faire une thèse sur Ibsen, Piero, devenu son amoureux, part en Egypte pour des fouilles archéologiques.

Que va faire la vie des ces trois destins ? Est-ce qu'on décide de son chemin ? Peut-on vivre loin de chez soi ? Est-ce que l'existence est un jeu de rebonds et faux-rebonds ?

Chacun des cinq chapitres du livre a sa tonalité. C'est très beau : jaune tendre pour l'été et la jeunesse, doux bleu pour la Norvège, rose pour le retour au Pays Natal... On navigue d'aquarelle en aquarelle, comme pour une exposition. Chaque case est un mini tableau.

Un coup d'oeil ?




Un bien bel ouvrage qui a reçu le fauve d'or du meilleur album à Angoulême. Soit dit en passant, pour moi, le titre c'est plutôt Cinq mille kilomètres et une seconde. Sans trop en dire, tout se joue lorsque Piero prononce cette phrase lorsqu'il est au téléphone avec Lucia : l'espace les sépare, mais aussi le temps. Le décalage est le noeud de leur relation. Cinq mille kilomètres et une seconde ou Comment passer sa vie à se passer à côté.

Si on veut feuilleter les premières cases, c'est là.

Guili Lapin de Mo Willems

L'histoire se passe à Brooklyn. Trixie et son Papa se rendent à la laverie. Ils marchent dans la rue. traversent le parc et arrivent au Lavomatic. Mais parmi les chaussettes, les chemises et les pantalons, le doudou de Trixie s'égare. Sur le chemin du retour, Trixie s'en aperçoit, mais elle ne sait pas encore parler. Alors cela donne des grands gestes à l'attention de son papa et des "Agli abli api". Bref, le père est decontenancé et ne comprend pas. Mais arrivés à la maison, Maman leur dit tout de suite : "Où est Guili Lapin ?". Et si cette aventure déclenchait chez Trixie ses premiers mots ?

Le livre est très original. Parce que l'auteur mélange des photos couleur sépia et des illustrations tracées à la plume et colorées sur ordinateur. Les trois premières illustrations qui ouvrent l'album sont des "photos" encadrées sur lesquelles on voit le mariage des parents de Trixie, puis Trixie nouveau-né et Trixie dans le porte-bébé. Cette histoire sent le vécu. Mo Willems habite à Brooklyn et je me plais à penser que les photos qu'il utilise sont celles de son quartier.

J'ai découvert ce lire à la librairie l'Attrape-Coeur, 4 place Constantin Pecqueur. La libraire en est fan. D'ailleurs, Mo Willems sera à l'Attrape-Coeur le 16 mars à partir de 15H pour une séance de signature.

Guili Lapin a une suite, et ça s'intitule L'Autre Guili Lapin. Trixie est maintenant à la maternelle et elle veut absolument y emporter Guili Lapin...

Pour découvrir l'univers de Mo Willems, c'est là.

Jardins de rue au Japon de Olivier Delhoume et Nichel Butor

J'ai découvert ce livre à la librairie L'Eternel Retour. C'est son petit format carré qui a attiré mon attention et le titre m'a séduite. C'est quoi les "jardins de rue" ?
Quelques pots en plastiques alignés sur le bitume desquels s'élancent des petits arbres, quelques herbes folles, de la mousse ou des fleurs. Ils sont posés là par les habitants, accrochés à une barrière, cachés derrière un scooter ou surélevés sur une soufflerie de climatiseur. Parmi eux, on aperçoit des passants, un vélo, des bouteilles en plastique. C'est la vie botanique, éphémère, qui frémit au coeur du béton.


Les textes qui accompagnent les photos sont de Michel Butor et prolongent la poésie des images. J'ai beaucoup aimé ce voyage bucolique et urbain à Osaka. Pour preuve, je m'en suis inspiré et ai pris cette photo cette après-midi, tout près d'ici, à Paris.

Birdy Tails de Anne Wilkinson

J'ai déniché ce livre en tissu à la librairie
La Sardine à Lire.
C'est un livre (en anglais) un peu fou ! Sur chaque double page deux oiseaux se rencontrent et se demandent des nouvelles de leur queue ("Hello, décris-moi ta queue !") Et chaque oiseau de décrire son bel appendice. Lequel dépasse des pages : il y a des queues en peluche (rose, noir, blanc), en tissu argenté, en organza. Bref, c'est un peu déjanté et carrément charmant.
Un aperçu de l'intérieur, cela donne ça, sympa, non ?

Dans mon pré de Sara Gillingham et Lorena Siminovich

Voilà un petit livre joliment animé. Le petit lapin blanc court de page en page pour se réfugier dans son terrier où l'attendent tous les membres de sa famille. Entre temps, il aura : mangé des trèfles (Oh un trèfle à quatre feuilles se cache sur la page), dégusté des fraises succulentes, lapé de l'eau bien fraîche. Bref, il aura vécu sa vie avant de rentrer au bercail où il fait bon vivre aussi ! C'est super à raconter parce que le petit lapin blanc est aussi une marionnette à doigt que l'on peut animer. Les illustrations sont délicieuses et les motifs à croquer (ici une petite coccinelle, là un papillon ou des champignons). Voici un aperçu :

Et si l'on veut voir les autres titres de la même collection, on peut télécharger le catalogue de la maison d'édition ici

La Journée d'Elmer de David McKee

Elmer est un éléphant pas comme les autres. Il n'est pas tout gris, mais sa peau est un joli patchwork coloré. Et puis il a l'oeil rieur. Dans ce volume-là, on le suit tout au long de la journée : son réveil, sa visite à son ami le lion, l'heure de son bain... C'est mignon tout plein. Et on craque sur les oiseaux dans les arbres stylisés aux couleurs pétantes ! A lire accompagnée bien sûr !